Tentative de répondre à une question qu’on m’a posée: Pourquoi la gauche radicale en France a un propos fort et limite moralisateur pour inciter à être pro-palestine mais se fout royalement d’autres génocides actuels pourtant plus létaux?

Alors déjà c’est pas toutes les personnes de la gauche radicale en France qui pensent comme ça. Une minorité importante des militants au sein de celle ci dont moi j’admets partagent cette interrogation et cette critique c’est important de le rappeler et ne pas trop caricaturer ceux qui la compose. Néanmoins, oui en effet parmi les grands génocides contemporains effectivement la plupart des militants de la gauche radicale en France semblent ne se préoccuper que de celui en Palestine et être indifférents à tout les autres et ça questionne sur pourquoi? Pourquoi il en est ainsi? Bien sûr déjà les horreurs subies par les palestiniens sont d’avantage médiatisées donc connues de plus de monde c’est la première explication. Cependant vous me direz ok pour les journaux ordinaires mais pourquoi c’est pareil dans ceux se revendiquant critiques et alternatifs ne devraient t’ils pas faire une part de chaque souffrance selon le nombre de morts plus que le taux d’audience sinon en quoi sont ils différents des autres?

Et bien, même si cette critique est valable cela ne s’explique pas entièrement par un souci de faire de l’audimat il y a d’autres éléments de contexte de fond qui expliquent ce focus quasi exclusif. Le premier est que le conflit israélo-palestinien a une histoire longue et complexe c’est celui de plus longue durée de tout les conflits très sanglants de l’histoire mondiale contemporaine donc ça fait plusieurs générations que la gauche radicale en France tente d’essayer de faire sa part pour aider à le résoudre et donc forme ses militants là dessus donc est bien armée pour en parler mieux que sur des génocides plus récents qu’il lui est plus complexe d’aborder maitrisant peut être moins ces terrains et l’explication de ce qui s’y déroule. Aussi, même si c’est le cas de beaucoup de conflits très sanglants actuels même la plupart, tous ne plongent pas leurs racines dans l’histoire du colonialisme européen, c’est le cas de celui ci ça explique que les Européens de la gauche radicale suivant le principe de critiquer leur propre impérialisme colonial et néocolonial avant tout s’impliquent plus par rapport à ça.

Et ce d’autant plus que la gauche radicale en France c’est historiquement construite sur l’antisionisme et le panarabisme ce qui l’a naturellement menée à soutenir quasi dès le départ et régulièrement les mouvements des palestiniens pour leurs droits et le militantisme pro palestinien. Cette ambiance fait qu’il y a une forte émotion de solidarité de longue date dans la gauche radicale en France envers la cause palestinienne.

De plus, les militants de la gauche radicale en France sont des dizaines de milliers de façon sure parmi les militants réguliers avec une carte dans un parti de gauche radicale précis, potentiellement des centaines de milliers environ si on en compte les membres comme moi plus ou moins éloignés, dormants et peu actifs, même en nous y incluant donc ils ont pas des forces et des capacités infinies. Ils savent leur énergie disponible et forces humaines limitées donc ils peuvent pas tout faire humainement en conséquence ils ne peuvent pas faire autrement que de faire des choix et donner des priorités à certaines choses plus qu’à d’autres.

La question devient alors comment se font ces choix? Et bien les sections radicales de la gauche en France (selon la terminologie usuelle soit LFI et tout ce qui est plus à gauche qu’eux dans le paysage politique français actuel même si oui quand tu es marxiste voir LFI comme « radical » ça peut prêter à rire mais bon on en est à un stade de radicalisation à droite du reste de la société où hélas c’est devenu perçu couramment ainsi du coup c’est le cas à tout le moins dans les représentations générales qu’ont la plupart des français donc on est bien forcés de le prendre en compte même si en vrai c’est des socio-démocrates à peine un poil plus de gauche que Mitterand l’était à son époque dans son programme, genre ouais ok LFI ils sont contrairement à ce que fut jamais le PS favorables à une plus grande distribution des richesses, en accord avec pas mal de considérations d’auteurs de la gauche rouge et noire dont ils s’inspirent partiellement, plus écolos et plus capables que le PS fut jamais de critiquer les violences policières et le racisme mais bon ça reste des Étatistes, ils ont une fâcheuse tendance à préférer attaquer des trucs flous genre le néolibéralisme que de se revendiquer directement contre le capitalisme malgré tout ce qu’ils pompent de leurs analyses politiques à Marx et Lénine que leur lecture de ces derniers aseptise considérablement face à leurs textes originels, ils sont institutionnels, autoritaristes, centralistes, pro vote et pro hiérarchie, et vraiment très mous sur leur critique et combat concret contre les inégalités sociales et économiques au point de dégouter la plupart des prolos de s’y fier et voter pour eux donc grosse blague quand même mais bref on fait avec ce qui existe) ont une pensée politique qui part prioritairement des structures politiques oppressantes et de l’analyse de leur mode de fonctionnement dans les structures sociales. Partant de là notamment un de leurs horizons centraux communs en premier lieu est un front commun contre l’impérialisme.

Une lutte qui implique une solidarité avec tout les peuples oppressés de part le monde qui dans son principe premier est égale pour chacun de ceux ci à la base critiquant partout les interventions militaires, soutenant toute lutte contre un colonialisme, et pour l’autodétermination des peuples. Dans la théorie donc ils devraient accorder à chaque lutte de ce type une place égale.

Ce qui fait que dans la pratique ce n’est pas le cas et à géométrie nettement plus variable c’est principalement que la gauche radicale construit son militantisme par ses pratiques de luttes sur le terrain et les solidifient par rapport à l’écho qu’elles y rencontrent. Notamment dans des alliances avec le monde syndical. Or, celui ci historiquement en France a longtemps été très porté par des militants ouvriers communistes originaires des colonies du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord qui jugeaient très prioritaires les luttes anti impérialistes et anti coloniales du Moyen Orient dont bien sur la lutte palestinienne pour la liberté est l’épicentre. C’est cette alliance des partis politiques de la gauche radicale et de ces mouvements militants syndicaux dans un accord de soutien aux luttes des palestiniens qui a fait que les manifs pro Palestine sont depuis longtemps depuis leurs appels nombreuses, régulières et connaissant grand succès sur le territoire français. Campagnes de formation crées par ces acteurs et tracts et discussions pendant ces manifs y aidant les personnes plus ou moins proches de ces mouvements s’y politisent et radicalisent donc aisément sur cette question de la Palestine vu ce contexte. D’où que cela entraine une diffusion forte de l’adhésion dans ces cercles à la cause pro Palestinienne plus que pour le soutien dans la pratique de fait à d’autres peuples qui subissent d’autres horreurs génocidaires pour certaines encore plus violentes en tout cas en terme de nombres de morts entrainant une impression de loin que ce focus sur la Palestine et cette relative indifférente à ces autres atrocités est de leur part une hypocrisie.

Ce n’est pas exactement cela mais pour le comprendre il faut détailler le fond politique de ce qui explique ce focus là dessus donnant cette impression à première vue. C’est que bien sur les mouvements de gauche pour créer des vrais mouvements sociaux ne peuvent pas compter que sur leurs relativement minces forces militantes ils se cherchent donc des alliés ailleurs et actuellement les plus aisés à trouver ce sont les étudiants le groupe social en France qui milite le plus. Ces étudiants français sont pour beaucoup très sensibilisés aux questions concernant l’Afrique du Nord et le Moyen Orient notamment le conflit israélo-palestinien du fait que c’est plus médiatisé que les autres affaires liées à l’impérialisme, la colonisation et dans le cas palestinien à l’occupation et au génocide donc logique que vu que c’est la plus grande atrocité dont on leur parle régulièrement c’est celle contre laquelle ils sont les plus prompt à vouloir tenter d’agir en rejoignant les militants des partis et syndicats de la gauche radicale dans leurs manifestations contre ces horreurs subies par les Palestiniens. Et ce d’autant plus que parmi leurs profs de fac les discussions et les débats universitaires sur le conflit israélo-palestiniens et cours sur le sujet sont nombreux et souvent faits dans une perspective empathique en France envers la cause du peuple palestinien d’autant que nombreux sont les profs de fac en France de gauche radicale avec une forte tendance de cœur au militantisme pro palestinien qui encouragent donc et stimulent la participation de leurs étudiants à ces manifs. C’est d’autant plus aisé que les étudiants se sentent posséder un privilège éducatif que la situation palestinienne empêche d’avoir à beaucoup de palestiniens du même âge qu’eux qu’ils apprécieraient pouvoir voir jouir de ce droit et si on leur dit qu’ils peuvent faire un petit quelque chose pour rendre plus aisé que ce soit le cas ils vont pas se gêner.

De plus l’attitude totalement pro israélienne du gouvernement et des institutions officielles en France en dehors du monde de l’enseignement supérieur facilite cette radicalisation autour de la Palestine pour protester face à cette injustice de ce ce deux poids deux mesures de la parole autorisée notamment dans les grands médias. Bien entendu pour contrer ça les étudiants et les jeunes pas étudiants qu’ils peuvent atteindre en communiquant avec eux à ces sujets et les touchant par d’autres moyens en discutant avec eux, vont diffuser très vite par leur maitrise des réseaux sociaux et habitude de promouvoir sur Internet les médias alternatifs tout un tas de contenus rapidement diffusés et répandus partout auprès des autres jeunes sur toutes sortes de plates formes de communication des idées pro palestiniennes. Menant la jeunesse globalement à y être plus sensible que ses ainés de part toute la France. Il en est d’ailleurs sur ce point de même aux États Unis.

Enfin, un dernier acteur central de cette focalisation sur la Palestine est l’action des groupes militants antiracistes en particulier les groupes racisés qui se politisent sur un anti racisme depuis leur propre expérience de concernés par subir le racisme au quotidien sont particulièrement réceptifs à lutter favorablement à la solidarité envers tout les peuples oppressés et colonisés avec qui ils se sentent souvent une oppression en commun vécue dans leur chair. Et donc un combat face à une même injustice. Pour eux la violence de l’occupation de la Palestine par Israel est pour beaucoup dans le fait qu’ils se sentent commune cause avec la lutte des palestiniens. Ils tendent à moins focaliser exclusivement sur la Palestine seulement que les groupes de gauchistes blancs en majorité par conscience plus grande de l’existence d’autres génocides et inégalités de part le monde auxquels ils ne se peuvent pas indifférents de part leur propre histoire personnelle et collective mais eux aussi parlent de la Palestine particulièrement souvent par rapport aux autres génocides contemporains auxquels ils font couverture plus égalitaire entre eux. On peut se questionner sur pourquoi et la raison centrale semble en être que la Palestine est pour eux un exemple et un symbole particulièrement connu et parlant pour sensibiliser les gens à toutes les causes pour lesquelles ils luttent. Notamment car les malheurs des palestiniens sont hélas un triste exemple d’illustration des problèmes du racisme, de l’impérialisme, du colonialisme et des oppressions intersectionnelles aussi étant donné que les femmes et les ouvriers en Palestine sont encore plus oppressés et marginalisés que les autres palestiniens et d’avantage en danger encore. C’est un exemple connu par beaucoup de gens qui ont un début de politisation contre le racisme qu’ils subissent eux mêmes qui en réaction ont souvent une solidarité spontanée et intuitive envers la Palestine à partir de laquelle ces groupes militants tendent souvent à partir pour consolider leur formation politique sur l’antiracisme depuis cet exemple pour illustrer tout ces mécanismes d’oppressions et les formes de lutte qui fonctionnent contre.

Pour autant, certains groupes plus minoritaires existent même eux mêmes anti racistes et intersectionnels critiquent ce focus généralisé majoritaire dans ces mouvements antiracistes radicaux et dans la gauche en général principalement voir dans certains cas exclusivement sur la Palestine justement en estimant que cette approche à leurs yeux manque de nuances prenant en compte la multiplicité des formes d’oppressions croisées existantes. En particulier les groupes d’avantage focalisés sur des luttes d’émancipation sexuelle en particulier par rapport aux oppressions subies par des LGBT tendent à être plus en friction qu’ils soient eux mêmes racisés ou pas mais surtout quand ils le sont avec cette approche notamment car ils jugent que le soutien aux groupes de luttes anti impérialisme en Palestine, au Moyen Orient, en Afrique du Nord et dans la communauté arabe et/ou musulmane de France dans la gauche radicale de France est parfois un peu trop souvent à leur gout à les en rendre assez frileux et sceptique envers elle assez violemment acritique sur l’homophobie et la transphobie qui s’y trouvent. Jugeant que cette solidarité sélective ce sont surtout les LGBT racisés et les LGBT vivant dans les pays de ces régions du monde arabo-musulmans qui en finissent les plus lésés dans ces histoires. Cependant malgré ces réserves les gens très versés dans l’activisme LGBT sont pour la plupart néanmoins pro palestiniens même si ils priorisent souvent d’avantage les luttes pour leur propre survie de manière bien plus directe surtout quand eux mêmes racisés et pauvres en France ce qui les rend souvent très précaires et donc focalisés sur comment s’en sortir plus que quoi que ce soit d’autres d’autant plus que de se radicaliser sur des conflits pour eux lointains. Cela se comprend. Il faut dire que ça échappe pas vraiment aux militants LGBT et aux gens qui gravitent autour d’eux que Netanyahu a une politique de plus en plus fasciste et tout les LGBT savent bien pour leur immense majorité que pour eux la fascisation de la société n’a jamais mené à rien de bon, renforçant homophobie et transphobie, donc forcément à partir de là leur soutien aux Palestiniens contre un gouvernement fasciste Israélien qui les occupent et génocident en plus de leur faire subir un apartheid est d’autant plus naturel et limite réflexe que sachant que le gouvernement français soutient Israel à fond ils craignent pour sa fascisation sur le territoire français lui même et donc pour la préservation de leurs propres libertés très directement en conséquence.

Enfin, un front large se construit avec des gens aux idées politiques souvent bien plus « modérées » (au sens construit par les gens plus à droite sur ce mot car on peut légitimement l’interroger en quoi c’est plus « modéré » d’être d’avantage capable de fermer sa gueule face à tant d’atrocités et laisser passer tout ça en contestant bien plus timidement mais bon passons) mais qui ont quand même un attachement fort à la pratique démocratique et aux droits de l’homme qui ne peuvent qu’être écœurés de ce qu’ils voient aux infos les Palestiniens subir et vouloir y réagir pour empêcher que les droits de l’homme en Palestine ne soient d’avantage mis à mal. Et ce d’autant plus que la répression de toute parole pro palestinienne qui atteint aujourd’hui une force inédite les inquiètent fort vu l’état de refus de la contestation du gouvernement français actuel pour la démocratie en France même. Du coup c’est aussi face à ces enjeux plus directs dans la vie des français que la Palestine est devenue en conséquence une question aujourd’hui centrale. C’est à dire qu’avoir un gouvernement français prêt à se solidariser de toutes les exactions israéliennes en Palestine vis à vis des droits de l’homme et à soutenir un génocide sur place par pur intérêt politique et économique de soutien à Israel ça leur augure rien de bon non plus pour les suites de la démocratie en France c’est compréhensible comme crainte.

Et ce d’autant plus que le conflit étant très importé en France il menace directement plein de gens ici même par son accroissement de subir un regain d’islamophobie, d’antisémitisme, de censure de leur liberté d’expression et de menace sur leur droit de manifester pour tout dire pour des milliers de gens c’est même plus des menaces ils l’ont hélas déjà subi, c’est juste normal qu’ils luttent pour éviter que ça s’étende d’avantage donc.

Bien entendu, le gouvernement français prétend y voir des formes d’antisémitisme mais bon cette tentative de censure de la parole critique sur cette base n’a pas trop marché. Les critiques clairement pas antisémites avec des arguments solides étaient trop nombreux et massivement diffusés surtout parmi leurs meneurs pour que ce soit tu. Au contraire globalement le gouvernement sur ce terrain s’est tiré une balle dans le pied s’étant fait jugé par la société française comme injuste, manipulateur et instrumentalisant la souffrance des juifs face à l’antisémitisme ce qui a profondément déplu aux français. Et ce d’autant plus aisément que la position pro Israel de la France est très forte et sans être tout à fait singulière dans le monde assez en écart face aux autres grandes puissances qui généralement ont plus de nuances dans leur discours et plus d’égards pour les palestiniens et se sont pas gênés pour attaquer la France sur ce point dans divers médias étrangers auxquels les français ont eu accès au discours plus empathique envers la Palestine et le sort des palestiniens donc oui c’est ce qui a achevé de faire foirer la propagande ultra pro Israel du gouvernement français auprès de ses citoyens dans sa crédibilité. Il lui a donc fallut se retourner vers une autre excuse vu que l’antisémitisme ça passait plus à partir de là. Donc la rhétorique tour de passe passe gouvernemental est passé à l’émotionnel pour empêcher le soutien pro Palestine et les critiques envers sa politique de se répandre plus de jouer la carte de prétendre à l’apologie du terrorisme de la part de la gauche radicale pro Palestine. La carte est hélas classique et aisée à franchir à cause du vieux stéréotypes des gens très à gauche au point de vue militant comme des extrémistes.

On le sait depuis Charlie Hebdo en 2015 les politiques anti terroriste en France ont sans cesse gagné en crispation et élargi ce qui y était légalement considéré comme de l’apologie du terrorisme en dépit de critiques nombreuses sur ces lois souvent jugés excessives par leurs contestataires. Notamment car elles ont mené lieu à nombre d’arrestations pour ce type d’offenses parfois jugées très excessives et exagérées visant des gens qui aux yeux de beaucoup ne s’en étaient pas réellement rendus coupables. Notamment beaucoup de gens ainsi traités comme des criminels quand du point de vue des contestataires ils n’avaient fait guère qu’user de leur liberté d’expression. Cependant la réponse gouvernementale a été de se faire de plus en plus autoritaire et instrumentaliser la législation vigoureuse contre l’incitation à la haine pour faire dissoudre de plus en plus de mouvements politiques accusés d’apologie du terrorisme le cas précédent était le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France) accusé ainsi ce qui avait fait débat alors mais dont on a pas vraiment tant que ça entendu parler depuis donc pas vraiment moyen de savoir jusqu’où les accusations envers ce groupe étaient ou non légitimes de la part de la justice française cependant démocratiquement les assos des droits de l’homme s’en interrogeaient déjà. Mais aujourd’hui, l’offensive c’est surtout la dissolution d’un max de groupes français pro palestiniens sur ce motif. Dans des proportions jamais vu en France depuis la répression des militants anarchistes d’Action Directe vers 1980. Forcément du coup ça inquiète tout les gens en France pour qui la démocratie et les droits de l’homme ça compte un tant soit peu.

Basiquement pourtant en règle générale tout ce que ces groupes ont fait c’est soutenir le droit des peuples oppressés, occupés, ségrégés et colonisés à la résistance armée face à leur oppression. C’est légal en droit international. L’ONU le fait elle même. Ce n’est pas de l’apologie du terrorisme ils sont très loin de glorifier les actions du Hamas le 7 Octobre envers lesquels la plupart n’éprouvent pas du tout de sympathie. Cependant c’est ça que l’opposition à ces groupes construit en le prétendant un soutien au terrorisme. Il s’agit d’un simple processus de délégitimation des voix dissidentes. D’une suppression des voix critiques au prétexte d’intérêt simulé d’inquiétude pour la sécurité nationale. Après c’est aussi dans les faits la justice qui est censé trancher où est la limite entre le soutien politique à la résistance armée et l’apologie du terrorisme. Bien sur chaque cas spécifique est complexe d’où la nécessité pour la justice française de s’y pencher au cas par cas pour trancher cela.

Cependant, la justice en France n’est pas neutre. Et a largement montré ses sympathies pro gouvernement et pro Israel. Bref sans surprise la justice française s’inscrit dans une politique bourgeoise vu qu’elle n’est guère selon l’analyse marxiste que la volonté de la bourgeoisie, sa classe sociale, érigée en droit. Donc les militants pro Palestine incriminés accusent le gouvernement français d’instrumentaliser la justice pour bâillonner l’opposition politique. En appelant à la liberté d’opinion l’estimant menacée par de telles décisions gouvernementales et judiciaires.

L’accusation du gouvernement et de la justice en France contre ces militants pro Palestine s’avèrent prendre la forme d’accusations d’islamo-gauchisme c’est à dire d’être si pro Palestine que prêts à une alliance de fait avec des islamistes palestiniens par embrassement d’une cause commune de faveur envers le nationalisme palestinien. Ou moins gravement mais toujours illégalement vis à vis de la laïcité française d’accusations de mettre en avant une politique non laïque et ostensiblement favorable en priorité aux musulmans. Ce terme a pour principaux utilisateurs l’extrême droite qui conteste d’abord aux gens de gauche leur politique dénonçant l’islamophobie sur cette base argumentaire. Elle est importée jusqu’au Parti Socialiste à partir de 2017 par Manuel Valls (qui a fait ses débuts à l’extrême droite) depuis ça c’est banalisé dans le gouvernement au pouvoir actuellement comme façon de penser et de s’exprimer sur ces questions comme type d’accusations envers la gauche radicale en particulier envers le mouvement pro palestinien. En particulier suite à l’assassinat de Samuel Patty dont les membres du gouvernement ont accusé de culpabilité indirecte « les ravages de l’islamo-gauchisme » qu’ils prétendaient voir à l’intérieur des universités françaises. Ils accusent alors en 2020 suivis d’un certain nombre d’universitaires les collègues de ceux ci d’être trop frileux sur la critique de l’islamisme et (ce qui apparemment dans la tête des signataires est aussi grave) d’avoir par le fait de s’assumer décoloniaux dans leurs opinions politiques des idées « indigénistes et racialistes » qu’ils accusent donc en clair de racisme anti blanc. Cependant bien plus d’universitaires ont signé contre les propos gouvernementaux les jugeant désolants et effrayants par la police de la pensée qu’ils instauraient à l’université. Depuis « islamo-gauchiste » est devenu l’insulte préférée de l’extrême droite au Parti Socialiste pour décrédibiliser tout ce qui est en France situé plus à gauche qu’eux politiquement.

Le CNRS au bout de quelques mois avait calmé le jeu en rappelant alors qu’islamo-gauchiste c’est un slogan de diffamation politique des gens de la gauche radicale mais ça ne veut rien dire c’est une construction sans réelle définition pas un concept opérant scientifiquement. Et a donc condamné es tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de « race », ou tout autre champ de la connaissance et accusé alors le gouvernement dans sa lutte contre cet ennemi imaginaire de mettre en danger la liberté de penser. Comme ça a pas marché ils ont ensuite tenté d’accuser les études post coloniales directement en leur reprochant une importation supposée artificielles de la culture universitaire américaine en France à travers leur développement. Plus tard on a fini en 2023 par avoir des aveux des membres du gouvernement d’avoir crée sciemment cette polémique en la sachant éminemment bidon par pur intérêt économique, politique et médiatique. En clair par démagogie électoraliste. Bref ils le savent que l’islamo-gauchisme ça n’existe pas et que les militants que leurs procès visent ils les visent non pas en croyant réellement qu’ils soient favorables à l’apologie du terrorisme mais précisément car ils cherchent un masque à la réalité qui est que le gouvernement et la justice en France ici manifestent simplement leur bourgeoisie en soutenant le colonialisme, ce prétexte ne leur sert qu’à ce que la population française moins politisée à gauche ne s’en rende pas compte et adhère à son action sans se rendre compte d’en devenir involontairement la complice d’injustices coloniales.

C’est donc tout ce contexte qui rend aujourd’hui la question Palestinienne autant au centre des préoccupations à gauche.

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