Des « mantras positifs » et de l’appropriation culturelle qui les vide de leur sens originel pour les rendre inefficaces.

C’est une recommendation courante qu’on trouve souvent contre le stress, penser positif. Se dire en boucle des phrases dans sa tête qui seraient lumineuses de joie et nous feraient penser sous un jour optimisme qu’on nomme « mantra ». Stop déjà là on a un problème. Un mantra c’est pas n’importe quelle phrase un peu joyeuse à la base, c’est un mot sanskrit signifiant instrument de pensée au sens littéral qui désigne des paroles sacrées qu’on répète pour atteindre la concentration et un état de méditation. Et ce en un but spirituel. Cela tire son origine de pratiques qu’on retrouve dans l’hindouisme, le bouddhisme, le sikhisme et le jaïnisme, des pensées dharmiques nées en Inde et importantes culturellement et historiquement en une grande part du continent asiatique. Alors oui c’est en effet quelque chose qui bien utilisé peut calmer l’esprit, rendre joyeux, serein et plus positif et à ce but en partie certes mais là n’en est pas initialement le but principal, c’est dans son contexte asiatique originel de lier profondément les individus qui croient en ces visions dharmiques du monde avec le dharma justement, le cosmos et la communauté que forme tout ses habitants l’espace d’une méditation pour qu’ils arrivent en cet instant de recueillement contemplatif à oublier leur moi individuel et ses soucis du quotidien pour se ressourcer à la source de leur lien à un grand tout. Oublier le moi illusoire pour retrouver de l’énergie en retrouvant la part de soi qui n’a pas d’individualité qui est toujours une avec le reste de l’univers, libérée des illusions contingentes du monde quotidien illusoire, remontée quelques instants là où tout est un et le temps n’a plus de sens. Il s’agit de s’aligner à la source, au dharma, retrouver sa parcelle de divinité intérieure quelque temps pour être mieux guidé en cette vie. C’est conçu comme une méthode pour transcender son égo et reconnaître l’interdépendance de tout les êtres en la sentant physiquement par les sensations éprouvées quotidiennement par le biais de telles méditations quotidiennes avec pour objectif plus de compassion envers les autres ainsi qu’envers soi d’où le calme ainsi obtenu. Enfin mon explication est sans doute une compréhension très occidentale mais dans les grandes lignes c’est ça.

Donc quand l’occident détache tout ça de son origine spirituelle pour en faire une méthode anti stress à base d’affirmations positives certes religieusement neutres mais aussi détachées de toute philosophie par la même occasion qui deviennent juste des injonctions à penser positif parfois mises à l’impératif mais ça ne veut plus rien dire du tout en fait. Beaucoup de gens disent trouver ça aidant contre leur stress de se répéter des phrases encourageant un mental positif et tant mieux pour eux, cependant ces injonctions au bonheur obligatoire répétées partout sont lourdes et contre productives pour une minorité importante de gens dont perso je fais partie que ça tend plutôt au contraire à démoraliser et isoler d’avantage. Et donc stresser plus au final. Déjà car jamais foutre la pression pour l’y forcer à quelqu’un n’a été la méthode pour lui faire voir la vie en rose mais aussi et surtout car cela inverse et annule l’efficacité d’un vrai mantra comme on en use pour se libérer dans les pensées dharmiques à la base qui cherche à relier les gens à leur vrai eux et leur faire prendre conscience de leurs véritables émotions car cela fait exactement l’inverse, ça en vient de les en couper complètement et devenir un ordre qu’on leur impose de masquer leur mal être ce qui évidemment les met encore plus mal et produit exactement l’effet contraire de la version d’origine surtout chez les gens à qui servirait vraiment une méthode de libération authentique. La version d’origine incite à accepter ses émotions, les vivre sur le moment, et s’en détacher, les laisser couler. La version que vend l’occident comme une marchandise bien-être à écouler pour perpétuer le capitalisme c’est juste tout à fait le contraire, ça consiste à forcer les gens malheureux à masquer ne pas aller bien et tenter de s’auto convaincre que leurs mauvaises humeurs n’ont pas lieu d’être en dépit de la situation qui les a créé. Les réduire au silence pour assurer le conformisme social à leur dépends. Et ça leur est donc logiquement nocif hélas vu que ça consiste à planquer la poussière sous le tapis qu’elle se voit pas au lie de régler les problèmes vraiment. Et comme cette mentalité est promue et généralisée quand des gens cassent l’ambiance en ne faisant pas semblant d’aller bien par manque d’envie ou d’autant plus de capacité à le faire malgré où plus souvent à cause du fait qu’il y a ce climat d’injonctions au bonheur partout leurs proches leur reproche après du coup forcément donc cela aboutit à de la frustration et de la désillusion tant envers ces méthodes qu’envers soi-même. Beaucoup de gens qui ont subi ça ont une opinion très négative sur les spiritualités dharmiques car on leur a fait croire que c’était ça à tort et ce genre de conneries ils en ont assez souffert. Cependant justement ce qui rend cette version occidentalisée du mantra dit positif si nocive c’est un manque d’authenticité généralisé, non juste celui que cette tendance impose d’avoir aux gens qui la suivent contre leur gré cédant sur ça à la pression sociale et commerciale ambiante mais aussi car ça c’est pas du tout une image authentique de ces spiritualités à la base.

Un exemple clarifiera ce point prenons le plus connu des mantras, le mantra OM, Dans l’hindouisme, le son AUM désigne la vibration originelle, source de tout commencement de l’univers et c’est donc le mantra le plus important. Il est notamment utilisé comme suffixe ou préfixe aux différents mantras formulés. Sa pratique est utile pour se connecter à la conscience universelle. Les premières pages qu’on trouve dessus sur les sites internet français le présentent pourtant comme un mantra « positif » en le détachant de tout son sens de base surtout au niveau spirituel. Avec pour résultat qu’on loupe totalement ce dernier vu que la positivité n’en est initialement pas le but mais un effet indirect résultant de ce sentiment obtenu par ces pratiques de se connecter au flot universel de la conscience, la vie, l’univers, le cosmos, la communauté de tout ce qui existe, bref le dharma. Bien entendu cela ne s’achète pas à l’origine car ce n’est pas vendable, pour le changer en bien de consommation l’occident à du le dénaturer et tout en reprendre à l’envers forcément. Et pour ce faire il a utilisé des méthodes coloniales et racistes bien éprouvées d’appropriation culturelle et de manque de respect total envers les cultures dont tout cela est issu et le sens qu’elles ont en ce contexte.

Or, le but de base de ces pratiques est de permettre aux gens de moins se juger eux mêmes en s’acceptant tels qu’ils sont donc croire en faire en faisant en réalité juste leur ordonner de penser positif c’est se fourvoyer total et être entièrement contreproductif. D’autant que le capitalisme colonial et raciste de ce phénomène que beaucoup nomment la macmindfullness (le bien être pleine conscience macdonaldisé quoi) très religieux tout en se prétendant séculier est au final à l’opposé total du message du Bouddha dont généralement ça prétend se réclamer étant donné qu’à l’origine le bouddhisme était une religion avec un objectif révolutionnaire de mettre fin aux souffrances humaines notamment par opposition au système des castes sociales qui opprime les dits intouchables et luttant pour l’abolir ce qui donc implique une volonté de lutte contre les inégalités sociales incompatible du capitalisme, du racisme et de la colonisation. Il n’y a rien en commun entre le vrai Bouddha et celui dont les capitalistes tentent de contrôler l’image à leurs propres fins. D’ailleurs la différence évidente la plus frappante entre une vraie communauté bouddhiste et cette macmindfullness est qu’en une vraie communauté bouddhiste il y a bah une communauté bouddhiste la sangha, donc une communauté, la macmindfullness est un agrégat d’individus qui prétendent se détacher de leurs égos mais sont souvent très individualistes et qu’à entendre parler de leurs préoccupations toute la journée on sent vite qu’elles se résument à moi, moi, moi et moi je. Ce n’est pas un reproche mais un constat. Dans ces milieux sociaux le côté recherche de la sagesse et importance de la compassion dans les valeurs du bouddhisme c’est le plus souvent jeté à la poubelle. Ils n’en gardent que ce qui les en arrange. Le bouddhisme en devient à l’heure actuelle une mode et une industrie profitable en France. Enfin cela dit, la mode c’est surtout méditer et avoir une vague sympathie pour le bouddhisme. De loin, dans y regarder de trop près, le bouddhisme connaît quelques conversions exponentielles de français et autres occidentaux et un regain de souffle nouveau en Asie avec cette mode qui est si intense que c’est presque un phénomène social de nos jours mais les vraies conversions d’occidentaux y demeurent restreinte c’est plus une sympathie, une curiosité. Le bouddhisme est une religion ouverte et cherchant à s’étendre pour propager son message et la voie du dharma, l’ordre cosmique, son harmonie. Donc, les bouddhistes tendent à accepter cette diffusion jugeant que si elle permet aux occidentaux d’y accéder c’est mieux. Cela dit, ils critiquent quand même ces façons de l’occident curieux du bouddhisme d’y faire son petit marché en y gardant ce qui lui plait et rejetant les aspects qui ne lui parle pas du fait qu’au bout du compte il le font tant que comme vu plus haut ça dénature le principe de base. Entraînant incompréhension, malentendus nombreux sur ce qu’est le bouddhisme réellement et donc propagation en occident d’une image de ce dernier non authentique. Un phénomène craint car les préjugés négatifs sur le bouddhisme sur la base de mauvaises expériences avec la dite macmindfullness est un terreau possible d’encrage ou d’exacerbation de préjugés racistes envers les asiatiques. Une forme de racisme hélas encore bien pérenne en occident même à présent. Et ce phénomène se reproduit aussi chez les occidentaux plus marginaux cherchant réellement à plus en savoir sur le bouddhisme en particulier dans les courants new age qui vont toujours dans le même sens quand ils partent dans l’appropriation culturelle à savoir aseptiser les aspects du bouddhisme en décalage avec une culture chrétienne en les déformant et christianisant afin de les rendre acceptable aux neufs convertis occidentaux. Le bouddhisme devrait s’adapter aux normes sociales, religieuses et au matérialisme consumériste de l’occident pour être praticable par les occidentaux est l’impératif raciste et colonial que ces attitudes dévoilent derrière. Devenir un accessoire lifestyle branche et trop tendance. Cela fait qu’hors des Centre de méditation réservés aux communautés religieuses bouddhistes on a droit à des centres de méditation où tout le monde est blanc en occident quasi. Les asiatiques ayant le plus souvent fort tendance à corriger les âneries des maîtres de ces centres en sont systématiquement chassés et exclus. C’est l’appropriation culturelle systémique en action. Idem à l’université où les bienfaits de méditer sont promus par les neuro scientifiques blancs et on n’y laisse pas en parler les religieux bouddhistes qui pratiquant depuis bien plus longtemps auraient sans doute bien plus à en dire. Et ce même dans les universités avec des cursus d’études des religions qui taille t toujours au christianisme la part du lion et laisse à l’étude d’autres religions perçues comme plus exotiques comme le bouddhisme et l’hindouisme une place marginalisée dans leurs recherches en dépit de leur importance au niveau mondial. Les principaux forums sur les sujets de la méditation et du bouddhisme sont fréquentes en France sur Internet surtout par des blancs en situation de mal être personnel et recherche de paix intérieure et qui reçoivent des conseils de psys blancs qui leur servent de la macmindfullness au final. Même les rares magazines et émissions religieuses pour bouddhistes qu’on a en France visent surtout un public de blancs convertis. De tout ça, les asiatiques et ceux parmi eux qui sont nombreux qui ont l’aptitude d’enseigner tout cela plus authentiquement sont sciemment et entièrement marginalisés.

Si on est bouddhiste vraiment on suit la Sangha, c’est à dire l’exemple du Bouddha et des moines certes mais aussi on y appartient si j’ai bien compris car cela désigne également les fervents laïcs. En conséquence on forme une communauté avec les cultures bouddhistes et c’est d’autant plus vrai que c’est un serment qui se prête lorsqu’on prend refuge dans les trois joyaux. C’est à dire en le Bouddha, le dharma et la sangha qui est l’un des dits trois joyaux donc. C’est essentiel car c’est là la cérémonie fondamentale qui change un non bouddhiste en un bouddhiste. Ok c’est le point de départ mais qui veut et re un vrai bouddhiste doit comprendre la pensée bouddhiste assez pour qu’elle devienne sienne et agir comme un bouddhiste le fait. Et la chose la plus essentielle que ça implique où les occidentaux tendent à échouer lorsqu’ils s’y essaient c’est que ça implique d’incarner les valeurs du bouddhisme face à ses coreligionnaires en pratiquant notamment la compassion envers les personnes asiatiques et évitant le racisme à leur égard, pas seulement car beaucoup de cultures asiatiques sont bouddhistes met donc pour demander du soutien à cette communauté lui en donner aussi c’est sympa quand même mais aussi et surtout car le racisme est en opposition aux principes bouddhistes vu qu’il propage la souffrance. Un vrai bouddhiste c’est une personne qui cultive la sagesse, la compassion et cherche à éviter la souffrance à soi comme aux autres. C’est donc incompatible avec être raciste.

Donc la solution à tout ça ce sont de vrais rencontres, des rapprochements et dialogues permettant que s’établissent des liens réels qui contre la marchandisation des spiritualités et qui résistent du mieux possible à l’éducation coloniale et raciste inculquée en brisant les chaîne en apprenant réellement à découvrir et apprécier des cultures différentes sans juste y piquer ce qui nous aide nous mais en essayant aussi de renvoyer la balle en se solidarisant simplement avec les gens qui nous ont apporté ce bien être, c’est juste logique en fait. Et bien sur ça vaut particulièrement pour les gens qui se sont convertis au bouddhisme mais même un peu tout de même ne serait ce que pour ceux à qui méditer de façon inspirée des cultures et spiritualités asiatiques directement a fait du bien. Et pour ceux qui crachent dessus à cause du mal que la macmindfullness leur a fait il faut prendre son mal en patience face à leur ignorance, comprendre que la souffrance qui en a résulté leur rend changer leur idée la dessus épineux et si ils y sont ouverts leur faire découvrir ce qu’est la vérité là dessus. Parce que ça peut ouvrir un meilleur chemin de soulagement des souffrances mutuelles. Voilà j’espère avoir compris comme il fallait et diffuser le bon message. Quelque soit votre idée sur tout ça si les « mantras positifs » sont une tendance qui vous a plus enfoncés qu’aider je vous comprend et espére que vous trouverait à vos problèmes une solution qui vous correspond et aide réellement quelle qu’elle soit.

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